En France, dès le milieu du XIXe siècle, apparaissent les premières publicités peintes sur les murs des maisons et des immeubles. Moins coûteuses et moins fragiles que les enseignes traditionnelles, ces fresques aux formats imposants se développent avec l’avènement de la consommation de masse et l’utilisation des transports en commun. Leurs tailles leur permettaient de pouvoir être lues de tous, tout en se déplaçant rapidement.
La pérennité et la visibilité qu’offrent un mur peint étaient recherchées par les annonceurs qui voyaient là un moyen de communiquer à moindre frais. Jusque dans les années 75/80 environ, les pignons et les murs aveugles ont donc servi de toiles à de grandes marques, comme : SUZE, FRIGIDAIRE, PONTIAC, DUBONNET, GARAGES RENAULT, HUILES SPIDO, TELEAVIA, etc…
Les façadiers qui peignaient ces réclames d’autrefois étaient appelés « PIGNONISTES ». Ce nom vient du fait qu’ils peignaient principalement les pignons.
Malheureusement, beaucoup de ces publicités ont disparu avec le temps pour plusieurs raisons.
- Elles étaient souvent sujettes à la pratique dite du « palimpseste». Venant du grec ancien παλίμψηστος / palímpsêstos, « gratté de nouveau », ce terme signifie qu’on utilisait et réutilisait, après les avoir « grattés » et enduits d’une couche de fond, les mêmes murs pour repeindre une nouvelle publicité.
- La pratique fut abandonnée et remplacée par l’affiche papier ou le panneau publicitaire.
- Bon nombre de ces œuvres ont tout simplement disparu à cause de l’érosion naturelle liée aux conditions climatiques comme la pluie ou les rayons du soleil. En effet, les teintes rouges ont tendance à disparaitre à cause des ultra-violets, là où le noir et le bleu résistent mieux.
Aujourd’hui, les publicités murales qui ont survécu sont considérées par nos contemporains comme les témoins d’une époque par leurs caractéristiques commerciales, sociales et esthétiques. D’aucuns y voient même une forme d’art. De ce fait, on assiste à une volonté de patrimonialiser et de classer ces archives murales. Par exemple, les réclames situées sur un pignon, à l’angle de la rue des Martyrs et de la rue Hippolyte-Lebas à Paris (9e arrondissement) sont protégées et inscrites au titre des monuments historiques depuis le 6 septembre 2012. Elles sont datées de 1908 et signées par le peintre-pignoniste DEFOLY.
Certain y vouent même une passion, tel que l’auteur Marc COMBIET, qui en a dédié un recueil et nous livre plein d’anecdote dans le podcast ci-dessous :